Leave your atom

par Samuel Desnoës

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20 avril 2025, 09:44

Maman n'est plus là...

Non, non. Pas d'avis de décès... Mais c'est encore pire, je trouve.

Il y a une dizaine d'année, c'est devenu évident : Alzheimer s'invitait dans la famille. J'avais toujours vu ma mère comme un monolithe (c'est courant, le monolithe maternel, comme image) de dépression chronique non-diagnostiquée. Une oscillation entre colère et chagrin, comme un pendule négatif qui nous balançait, nous aussi, au gré de ses imprécations et de ses désolations.

Et puis il y a eu la polyarthrite rhumatoïde, la SEP. La douleur et les déformations articulaires, les traitements à la cortizone, les nuits sans dormir. Et toujours cette négativité face au monde.

Et puis Alzheimer est arrivé. Des oublis bénins mais de plus en plus fréquents. Et ensuite ce discours : "Tu sais, je perds la mémoire... Ah là-là, qu'est ce que c'est pénible de ne pas se souvenir !" réitéré tous les quarts d'heure. Mais curieusement, le reste s'est estompé.

Tout le reste. Le monde hostile, l'impossibilité d'en faire ce qu'on voudrait. La douleur articulaire, les crises nocturnes. Le COVID19 a sonné la fins des traitements semestriels contre la polyarthrite et on s'est rendu compte qu'ils n'étaient plus nécessaires.

Ma mère était devenue calme, détendue. Elle riait volontiers, alors. Elle était aimable.

Mais ensuite, les mots ont commencé à venir difficilement. Elle ne répondait plus au téléphone, ou alors, il fallait très vite passer le combiné. Elle demandait qui était au téléphone plusieurs fois au milieu de la conversation.

Et puis s'en est allée la capacité à faire les gestes quotidiens : tenir une fourchette, ouvrir une bouteille, savoir quoi faire avec une savonnette... Et ce regard vide, inquiet, hagard...

Depuis quelques semaines, elle a peur en permanence, croit voir des choses dans les coins de la maison. Elle ne bouge presque plus de sa chaise. Elle pense qu'on lui veut du mal, elle veut s'enfuir...

Bref, ma mère n'est plus là. Et il va falloir qu'elle soit prise en charge par des spécialistes parce que pour mon père, à la maison, c'est devenu une sorte d'enfer permanent.

Ce qui est horrible, c'est que maman n'est plus là mais qu'elle est encore là.

Est-ce que c'est entendable, de le dire comme ça ?

06 avril 2025, 10:50

Notes semaine 14

Auto-justification

Visite au supermarché local, ce samedi. Devant le rayon café, en lieu et place du café moulu sous vide (nous n'avons toujours pas cédé à l'appel du café en dosettes) une affichette :

"Chers clients, En raison d'une mauvaise récolte 2024, d'une forte demande mondiale et de la spéculation sur les prix, nous subissons des ruptures sur certains cafés."

La place réservée pour le café moulu sous vide (réduite depuis quelques années à environ un cinquième du linéaire) était effectivement remarquablement désertée. Ce qui était très agaçant, c'est que les quatre cinquièmes restant (dévolus aux dosettes) ne souffraient d'aucune rupture...

Le capitalisme opère des choix, puis les impose : la dosette est plus lucrative.

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La tentation de disparaître

Je rencontre au fil de mes pérégrinations sur le net l'évocation d'une tentation de disparaître de l'espace numérique qui m'effleure régulièrement. Mais je me suis toujours dit jusque là que si la dissidence - et par dissidence, j'entends le non-recours aux outils marchands mis à disposition par les marchands pour emprisonner leurs usagers en vue de générer toujours plus de profits - ne s'exprime plus ils auront gagné deux fois. Cet espace, c'est d'abord le nôtre.

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Deliciously old shool, isn't it ?