07 mars 2020, 08:40
Deuxième effet Novlangue
Il y a un deuxième effet au développement de cette langue dépouillée son sens auquel on assiste depuis au moins trois ou quatre décennies maintenant, et qui est déjà abondamment documenté (ici, là ou encore par ici...)
Cet effet est plus pervers encore : si la modification du langage empêche de penser clairement les concepts en supprimant les mots qui les décrivent le plus précisément, d'abord dans le langage courant, puis dans le langage tout court (par manque d'usage, le terme se perd), parce qu'elle est toujours destinée à atténuer un concept problématique en le remplaçant par un autre qui l'est moins (voire qui est son parfait inverse) elle détruit aussi le mot par lequel elle le remplace en le vidant de son sens et/ou en le connotant négativement.
Par exemple, en remplaçant "plan de licenciement" par "plan social", on détruit le mot social dans l'esprit des gens parce qu'il sera désormais toujours associé au fait de mettre des gens au chômage. De la même manière, un "collaborateur" qui vient de se faire laminer pendant cinq ans par son supérieur hiérarchique avant de finalement craquer n'aura plus jamais envie de collaborer (au vrai sens du terme) à quelque projet que ce soit : parce que la vérité c'est qu'il ne collaborait pas mais était proprement surexploité/harcelé dans une relation qui n'avait rien d'égal à égal mais bien de donneur d'ordre (abusif) à exécutant (trop soumis)...
Aujourd'hui on parle de "plan de sauvegarde de l'emploi".