Leave your atom

par Samuel Desnoës

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2024

08 décembre 2024, 10:32

Agacement

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Photo de Enrico Mantegazza sur Unsplash

Encore ce matin, je m'arrache les cheveux en constatant qu'un ami vient de publier un article avec du "vrai" contenu, c'est à dire dans ce cas précis, un avis personnel sur une publication - une sorte de bilan personnel de lecture - qui pourrait guider les visiteurs de son site dans leurs choix... directement sur un réseau social. Sur le site (qui devrait être la référence) : aucune trace.
Pas le début d'un conseil, pas la moindre trace d'un avis personnel, pas le commencement d'une ébauche de contenu : des informations pratiques sur des ouvertures exceptionnelles, des nouveautés en rayon, des listes.
Utile pour des clients, rien pour retenir un visiteur arrivé là par hasard, mais rien non plus pour donner du grain à moudre un moteur de recherche : les seules personnes potentiellement intéressées sont celles, sans doute, qui peuvent se déplacer physiquement.

Il m'avait dit récemment : "Pour moi, le site, c'est seulement de la comm." Et ça m'avait fait mal parce que je voyais le site comme un moyen d'augmenter le réel, de créer du contenu utile pour tous.
Erreur...

Et cette tendance n'en est plus une depuis longtemps.
C'est assez révélateur, je pense, d'un web qui s'est fait cannibaliser et qu'on met désormais presque uniquement au service du commerce et de l'affect marchand : le plus neutre et banal possible dans sa vitrine comm.erciale et dans l'injonction au "réagir, partager" pour son volet "réseau social". Version tapageuse et amnésique des blogs d'antan (il y a, disons, encore une dizaine d'années) qui tend à déplacer tout contenu intéressant - pour des humains qui pensent - vers des réseaux centralisés, détenus et régulés par des multinationales qui font leur beurre sur le tumulte et la réaction permanente. Se faire entendre dans ce brouhaha constant amène à être le plus bruyant possible (entendez par là polémique, sensationnel, dégueulasse, outrancier... toutes acceptions si bien réunies dans le terme "putaclic") pendant que, dans un même mouvement inversé les sites, réduits à leur fonction d'outils de comm., se standardisent, devenant d'une banalité affligeante, bien lisses dans leurs points de vues et d'un intérêt nul pour des visiteurs simplement de passage.

Il n'y a plus de contenu sur la majorité des sites pro : que des infos d'actualité qui perdent tout intérêt une fois l'actualité dépassée. Pour tout contenu intéressant, veuillez vous reporter sur les réseaux sociaux (après inscription obligatoire pour pouvoir les consulter)... Et bonne chance pour remonter le fil : on y publie beaucoup - c'est important pour la comm. sous peine de devenir bien vite invisible - et à peu près n'importe quoi.

La polarisation s'est inversée. Les créateurs se dépouillent de leurs créations au bénéfice d'un rouleau compresseur avide de nouveauté : les contenus sont dans l'éphémère, perdus parmi les avis à l'emporte-pièce, les re-posts instinctifs et les petits chats mignons. Les galeristes n'affichent plus que leurs horaires d'ouverture.
Chez eux, c'est vide, désormais.

Dont acte.
Cette bataille-là est perdue mais d'autres formes sont à réinventer, à la marge, encore.

Pas de résignation !

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Deliciously old shool, isn't it ?