16 décembre 2007, 12:50
Ivresse ou lucidité
Il faudra bien choisir pourtant...
"S'enivrer, pourquoi pas ? De vin un peu, de poésie, beaucoup, de vertu si possible. Mais surtout de lucidité. Apprendre à vivre, c'est apprendre à garder les yeux ouverts."
Cette citation de Jacquard, je la trouve il y a quelques jours sur le site de Jean-Michel sous le titre "Lucidité". Elle fait référence à un texte de Baudelaire extrait des Petits poèmes en prose et intitulé Le spleen de Paris.
Si j'adhère - parfois - à la fin de la proposition de Jacquard, il me semble en revanche bien difficile de ne pas y voir avec le texte original quelque chose d'assez proche d'un contresens.
Comment conseiller la lucidité en prenant cette référence, alors même que la proposition de Baudelaire est à l'exact opposé : en le paraphrasant, "pour ne pas se voir vieillir, il faut perdre contact avec la réalité en permanence" ("[...] il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.").
C'est bien là d'une diversion qu'il s'agit, à l'inverse d'une invitation à la clairvoyance.
Mais c'est ce paradoxe lui-même que je trouve intéressant de relier à un mode de pensée très... contemporain.