25 janvier 2007, 15:24
Les risques du partage ou les travers de la démocratie participative
Avec la généralisation du Web dit "2.0", il est possible, sur des sites comme del.icio.us ou blogmarks.net, de partager avec ses pairs l'ensemble des ses adresses favorites de les classer, de participer à leur visibilité...
Il est vrai que l'on y trouve souvent une mine de sites que l'on n'avait jamais visités auparavant et c'est en cela d'un bénéfice considérable. Le système permet en effet de trouver en quelques instants des liens sélectionnés d'avance sur les thèmes (par le biais des "tags") qui vous intéressent le plus.
Pourtant, si le système fonctionne aujourd'hui parce que nos Listes de favoris se trouvent encore blindées par les résultats (fructueux ou hasardeux) des recherches jusqu'ici menées individuellement, sa généralisation massive pourrait à terme venir concurrencer la recherche traditionnelle (moteurs de recherche et annuaires de liens) dans les habitudes de l'internaute "moyen" : il est en effet plus facile de trouver -rapidement et sans trop d'efforts - des résultats pertinents sur ces listes de liens que dans les résultats des moteurs. La société Yahoo, en rachetant del.icio.us en 2005 ne s'y est d'ailleurs pas trompée...
Gare donc à un apauvrissement progressif de ce style de listes : puisque de plus en plus de gens y auront recours, il y a fort à parier qu'il y ait proportionnellement de moins en moins de nouveaux sites à y ajouter et tout le monde finira par y partager les mêmes adresses redondantes... Un futur un peu gris pour la diversité naturelle de l'Internet tel que nous le connaissons aujourd'hui.
N'oublions pas que faire des recherches, c'est souvent trouver "quand-même" ce qu'on ne cherchait pas... Et c'est encore comme ça qu'on a fait les plus grandes découvertes...
[Edit 27 janv 2007]
Que l'on ne se méprenne pas sur la teneur générale de ce billet : il n'est pas question ici de poser le hasard en unique moteur d'évolution mais bien de rappeler que la multiplication des propositions est souvent à l'origine de la richesse des résultats d'une recherche. Proposer un lieu où les résultats seraient tellement ciblés qu'ils n'offriraient plus aucune surprise et qu'on soit sûr de tomber sur LE lien donnant l'information qu'on recherche c'est aussi prendre le risque de n'avoir qu'une partie de cette information, le reste étant dispersé sur d'autres sites... moins populaires.
N'en déplaise aux taxonomistes les plus fervents, ce n'est pas parce qu'on dispose d'une bibliothèque très bien rangée qu'on en a fait une source d'information universelle : elle est, au mieux, plus facilement "exploitable"...