Leave your atom

par Samuel Desnoës

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28 mars 2020, 16:39

La maison Borniol

Hé y'a quelqu'un ?
Oh y'a quelqu'un ?
C'est moi Borniol
Et je viens livrer le cercueil
Si vous m'payez un coup d'alcool
Ben moi j'vous fais les clous à l'oeil
Ouais c'est moi, Borniol
Service rapide et je contente
Même la veuve du guignol
Vu que je fais le service après-vente

Les temps sont durs
C'est pas mariole
Vivement que revienne le choléra
Je pourrai changer de chignole
Et me payer le cinéma

Et si le choléra marche bien
Je pourrai faire des folies
J'agrandirai mon magasin
Et je prendrai des apprentis

Je serai la maison Borniol
Le supermarché de la mort
Cercueils à fleurs pour les pauvres mômes
Et à roulettes pour les vieillards

Je serai la maison Borniol, Borniol, Borniol
Maison Borniol, maison Borniol
Bières, cercueils, catafalques
Maison Borniol, maison Borniol
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Maison Borniol, maison Borniol
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Maison Borniol, maison Borniol

Hubert Félix Thiéfaine, Album Tout Corps Vivant Branché Sur Le Secteur étant Appelé à S'émouvoir, 1978.

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Photo de Casey Horner sur Unsplash

20 mars 2020, 10:07

Solidaire...

Les rézosocios (et ce n'est pas nouveau, me direz-vous) m'agacent prodigieusement. Mais à travers eux, j'ai bien peur que ce ne soit aussi de mes contemporains qu'il s'agisse...

Leila Slimani tient un journal de confinement et a eu le malheur de le publier... Elle compare le confinement en question, pour l'expliquer à ses enfants, au sommeil de la Belle au Bois Dormant. Formulation avec laquelle on pourra être d'accord ou non, en fonction de ses propres centres d'intérêt, mais qui ne porte pas vraiment à conséquences... Quant à l'insupportable, jugez plutôt :

"Depuis vendredi 13 mars, je suis à la campagne, dans la maison où je passe tous mes week-ends depuis des années. Pour éviter que mes enfants côtoient ma mère, il a fallu trouver une solution."

Voilà donc que les RS s'emparent du scandale et le font éclater au grand jour : "Une situation privilégiée jugée « indécente » par de nombreux internautes.", d'après 20 Minutes.

En effet, voilà un grief souvent pointé :

Salut les pauvres. Ça se passe bien dans votre 15m carré à trois ? Pour passer le temps et descendre la pression du confinement, vous pouvez toujours lire le journal de bord d'une écrivaine dans sa maison familiale à la campagne hein. On est pas bien là ? https://t.co/mAJNW9kLIE" target="_blank">https://t.co/mAJNW9kLIE

— Nicolas Quénel (@NicolasQuenel) March 19, 2020

Alors oui, c'est effectivement un privilège, dans ce cas, de vivre à la campagne, dans une maison avec du terrain... Mais les mêmes ne s'offusquent pas de faire état de leurs propres privilèges quelques jours plus tôt sur les mêmes RS :

Nicolas Quénel@NicolasQuenel
Depuis que j'ai quitté Paris pour Nice il y a un peu plus de trois semaines :
- Moins 7kg sur la balance
-J'ai retrouvé le sommeil (et un rythme de vie quasi normal donc)
-90% de stress en moins
-Un bien meilleur moral
10:10 AM · 11 mars 2020·Twitter Web App

On pourrait pourtant lui opposer que tout le monde n'a pas la possibilité de s'exiler à Nice pour améliorer ses conditions de vie ! Et donc qu'il se taise ! Ç donnerait quelque chose du genre "Salut les prolos ! Ça se passe bien dans vos HLM avec vue sur le périph, avant de repartir pour le taf tout à l'heure à 6 heures 30 ? Sinon, vous pouvez lire le bilan de santé de @NIcolasQuenel sur Twitter suite à sa délocalisation sur Nice... On va pas mieux, là ?"

En quoi le témoignage de certains sur leur propre expérience est-il si insupportable ? Oui, ils sont chanceux. N'ont-ils pas le droit de dire comment ils vivent cette période au prétexte que d'autres le sont moins ? En se taisant, les autres seraient-ils plus heureux ?

Lorsque les mêmes journaux publient des colonnes entières vantant des spectacles à 130 € la place, dans des grandes villes à l'autre bout du territoire, personne ne s'inquiète de ce qu'on puisse habiter en campagne en Lozère avec un SMIC !

Alors, oui : qu'on laisse les écrivains écrire... et publier là où on leur laisse tribune.
Quant aux autres, plutôt que de crier au scandale parce qu'ils ont lu le Monde, rien ne les empêche de publier leur propre journal de confinement sur les outils qui le leur permettent...

Libres, de préférence.

16 mars 2020, 19:04

Sérieusement...

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Via Mamot

07 mars 2020, 08:40

Deuxième effet Novlangue

Il y a un deuxième effet au développement de cette langue dépouillée son sens auquel on assiste depuis au moins trois ou quatre décennies maintenant, et qui est déjà abondamment documenté (ici, ou encore par ici...)

Cet effet est plus pervers encore : si la modification du langage empêche de penser clairement les concepts en supprimant les mots qui les décrivent le plus précisément, d'abord dans le langage courant, puis dans le langage tout court (par manque d'usage, le terme se perd), parce qu'elle est toujours destinée à atténuer un concept problématique en le remplaçant par un autre qui l'est moins (voire qui est son parfait inverse) elle détruit aussi le mot par lequel elle le remplace en le vidant de son sens et/ou en le connotant négativement.

Par exemple, en remplaçant "plan de licenciement" par "plan social", on détruit le mot social dans l'esprit des gens parce qu'il sera désormais toujours associé au fait de mettre des gens au chômage. De la même manière, un "collaborateur" qui vient de se faire laminer pendant cinq ans par son supérieur hiérarchique avant de finalement craquer n'aura plus jamais envie de collaborer (au vrai sens du terme) à quelque projet que ce soit : parce que la vérité c'est qu'il ne collaborait pas mais était proprement surexploité/harcelé dans une relation qui n'avait rien d'égal à égal mais bien de donneur d'ordre (abusif) à exécutant (trop soumis)...

Aujourd'hui on parle de "plan de sauvegarde de l'emploi".

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Deliciously old shool, isn't it ?