05 avril 2022, 12:57
Petite litanie professionnelle
Donc, pas de mutation cette année, pas assez de postes au mouvement et des postes quand même moins intéressants que le mien, ou encore plus loin... Pour mon empreinte carbone, ne reste vraiment plus que le changement de boulot.
Prof absente, avec laquelle je devais faire une coanimation "débats philo". Message : "peux-tu prendre mes quatre classes tout seul ?" (absente toute la semaine, ce sont quatre séquences de 3h qu'il faut prévoir d'assumer, au final).
Ben non.
Grogne de la prof et de la vie scolaire.
Je m'explique.
Après 20 ans de métier, je n'ai pas de possibilité de progression pro (pas d’agrégation), ni d'avoir une seule des primes qui font qu'un débutant aujourd'hui, prof principal, avec deux heures sup' gagne plus que moi (il y a bien un ou deux exemples de docs qui en touchent une pour faire du soutien, ha, ça ne s'appelle plus comme ça ?!, mais, bon, bref, c'est une magouille mal déclarée auprès des rectorats). N'importe qui serait payé en heures sup' pour assurer les heures d'une prof malade, mais pas moi.
De plus, pour justifier le fait que je ne refuse pas juste parce que je suis un gros fainéant, j'ai déjà assez d'occupations cette semaine : trois heures d'un projet en français, deux heures d'ouverture quotidienne sur temps de midi, les 3 ateliers lecture/maths... non, je n'assure pas de faire en plus cours à la place d'une autre, et ce n'est même pas une question de flemme.
Je n'assurerai pas non plus la "garderie" de ces élèves. Je ne suis pas personnel de vie scolaire. J'ai assuré des études pendant les trois années où j'ai été surveillant, ce n'est plus mon métier.
De plus, je ne cautionne pas la systématisation des remplacements en interne pour éviter d'embaucher des remplaçants et à moyen terme de faire travailler plus longtemps les profs.
Je travaille pour 2000 euros. Et j'essaie de bien le faire.
Et aussi :
Autre anecdote risible, ou pathétique, c'est selon : la collègue de musique dont la fille, de huit ans, est super éveillée (au tout début, elle voulait voir les livres que j'avais en anglais, mais les a vite trouvés trop faciles). Elle emprunte pour cette géniale enfant entre huit et quinze livres par semaine (un record, dans mes annales). La jeune personne ne lit que seule, apparemment, jamais de lecture avec ses parents , ni de commentaire sur ses lectures auprès de ses parents.
Mais elle aime tout (Maupassant comme Arrou-Vignod), dévore avec une régularité infaillible, et impressionne chaque jour toujours plus ses géniteurs (tu m'étonnes !)
Et donc là, maman a pris la saga du Seigneur des Anneaux, version originale, bien sur !! "Parce qu'elle a tellement envie de voir le film !" (film tellement adapté à une enfant de huit ans).
Je me suis permis d'attirer l'attention de maman sur la difficulté de lecture de l'oeuvre à l'écriture très particulière. "Ben pourquoi ? Elle aime tout lire ! Elle se fera son idée !"
C'est elle qui me prend pour un con ou sa fille qui la prend pour une débile, ou elle qui a envie de se satisfaire d'une illusion ?"
Pour ma part, je ne connais qu'une dizaine de "vrais" lecteurs de Tolkien.
Et je ne connais qu'une poignée d'adultes capables de lire plus de cent livres par an, alors une enfant de 8 ans qui en lit 150 par trimestre...