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par Nicolas Rivet

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29 février 2020, 13:14

Paradigme perdu

Il y a un changement de paradigme symptomatique du moment de société dans lequel nous vivons, changement qui est particulièrement dangereux, parce qu’extrêmement tentant, facile du fait notamment de la multiplication des canaux d'information et l'usage qui en est communément fait :

Là où autrefois on disait que la vérité demeure, même si personne n'y adhère, on dit que la vérité est relative, voir qu'elle n'existe pas, et que tout est récit.

C'est un discours que je peux avoir moi-même, parfois.

Ne pas oublier la limite entre la fiction et le réel.

21 février 2020, 18:21

Étonnamment con

Eschyle est mort d'une tortue reçue sur le crâne, lâchée par un gypaète.
Dans la catégorie histoire à chutes, je cite l'extrait wikipedia "Le tailleur Franz Reichelt, âgé de 33 ans, se tue en sautant du premier étage de la tour Eiffel alors qu'il veut tester en public son invention, le manteau-parachute"...

Je ne sais pas trop quoi penser de tout ça...

21 février 2020, 18:15

Laisser faire

Elles laissent les hommes courir devant elles, et disparaître derrière la première butte. Elles ont cette certitude paisible qu'ils auront besoin d'elles avant peu et reparaitront d'eux-mêmes.
Il en va ainsi des hommes comme des labradors : ils s'éloignent mais ne quittent jamais vraiment leurs maîtres.

19 février 2020, 09:04

Que fonde la neige

La présentatrice météo vient de le dire, avec ces yeux qui s'excusent de vous gâcher la fin du repas : cet hiver sera certainement "sur le podium" des hivers les plus chauds (un record, c'est toujours une sorte de bonne nouvelle, malgré tout).

Et pourtant, le président est monté sur le Mont-Blanc pour qu'on comprenne qu'il savait le problème et la façon de le résoudre (je ne me souviens même plus des propositions ou des orientations ou des réformes faites à la suite de ce passage, si quelqu'un peut m'aider...) Le lendemain, avec toute la cour réunie, il allait réchauffer les salles de tunnels creusés sous le glacier... Tant qu'à faire d'être là, ça aurait été dommage de ne pas en profite (maître mot)...

Des riverains (les plus virulents proposent un changement global du format économique de développement et de consommation de l'occident, mais ça c'est pour rire, juste au niveau local,par contre, limiter voire faire disparaître le trafic camions, mais c'est pareil, à force de le répéter depuis 40 ans, on a fini par oublier de l'entendre) ; des riverains, donc, vrais montagnards, proposent d'interdire les bivouacs dans le massif, parce que les randonneurs sont sales.

Pourquoi ça m'agace :
- Parce que c'est une façon qu'ont certains de dire que ce sont les autres qui sont mauvais et ignorants, l'origine du problème, en somme, alors qu'eux seuls connaissent ce territoire et peuvent imposer leurs conditions (ce sont pourtant  ces mêmes défenseurs qui développent le tourisme le plus dégueulasse et le plus massif et le plus ravageur)
- Parce que ça ne règle pas le problème du réchauffement climatique dont il était question (mais au moins, comme tout acte de manipulation, ça permet d’attirer le regard vers un souci "mineur" au regard de l'énormité, voire l'insolvabilité, du problème auquel on ne répondra pas)
- Parce que je ne connais pas de bivouaqueurs sales. Monter à la mer de glace ou au pic du midi avec ses chips et ses mars en téléphérique n'est pas le même geste que partir à l'économie et en autonomie autour d'un massif, avec l'intention de s’essentialiser au plus près de la roche ou du ciel.

Le visage consterné de la présentatrice météo disparu, le grand animateur de la messe de l'info lance alors avec enthousiasme le reportage sur un charmant petit savoir-faire, les derniers creuseurs de la grotte de la mer de glace, dont les visites sont si prisées du public...

Que fonde la neige...

09 février 2020, 11:01

Petit traîté de justice amusante

A la suite d'un cambriolage de banque sans effraction (comme aurait Spaggiari, "sans arme, ni haine, ni violence"), l'enquête est confiée à la division "délinquance astucieuse" (sic).

La justice sait-elle être clémente avec les astucieux monte-en-l'air ?

07 février 2020, 10:58

Distant shore

Revenir trop tôt après la défaite, revenir trop tôt près des ruines fumantes. Essayer de penser le paysage ravagé en plaine où bâtir un présent à naître.
Ressentir trop vivement les blessures, encore, ne pas supporter être là.
Se dire qu'être ailleurs était la meilleure réponse au combat.
"S'il faut recommencer la bataille, je laisse tomber je ne suis pas de taille, je ne veux plus me battre avec toi".

01 février 2020, 16:51

Aura, disait-il

Dans un débat pseudo-intello : les éoliennes, en couvrant l'horizon, sont une horreur qui nivelle le paysage et annihile sa singularité...

Pas faux, mais si ce n'est pas très beau, ce n'est pas laid non plus à mon goût, je trouve même ça plutôt apaisant.

Passons sur le rapport sous-tendu à notre mode de vie dans les décennies à venir, et leur apport au mix énergétique.

La réflexion qui me traverse concerne les éléments humains du paysage, en général : lesquels sont beaux, lesquels sont laids, et est-ce un élément utile et suffisant dans le débat sur leur construction ? On a construit en béton, parce que c'était nécessaire, rapide, peu coûteux, efficace. Puis on a détesté ces zones bétonnées, on a protégé les espaces autour, puis on regrette à présent de ne pas pouvoir protéger ce patrimoine, ni faire évoluer ces zones...

L'horizon piqué de clochers, les rivières détournées de biefs, les usines proto-industrielles, les hauts fourneaux, tout cela a été perturbant, un jour, laid, édifiant, neuf, clinquant, prétentieux.

Je ne dis pas que c'est le temps qui nous a lassé,cassé le goût, habitué à la laideur ; je dis, comme W. Benjamin, que les objets acquièrent une aura, une patine qui les fait tranquillement glisser de ce statut d'objet à celui de sujet, soit par un processus "magique" qui leur est propre, essentiel, soit parce que nous développons progressivement, vis à vis d'eux, un affect, une émotion, une empathie.

Nous adorons aujourd'hui les friches, même les plus repoussantes : Tchernobyl est un personnage de notre histoire.

Un jour nous aimerons nos éoliennes.

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Deliciously old shool, isn't it ?