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par Nicolas Rivet

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31 janvier 2017, 15:21

Instant

A l'accueil du collège.

La secrétaire décroche le téléphone. Des parents souhaitent qu'on leur ouvre le portail.
- On a rendez-vous avec Vincent et Lucie Aubrac
- Pardon ?
- Ben oui, c'est sur le papier, on a rendez-vous avec Vincent et Lucie Aubrac...

Blanc.
Incrédulité. Incompréhension. 
De son bureau, l'autre secrétaire :
- Si, je sais.... C'est Mme XXX, elle a rendez-vous avec Mme Vincent, dans la salle Lucie Aubrac.


27 janvier 2017, 09:33

Petite soeur de mes nuits

"Toujours à l'horizon, des soleils qui s'inclinent".


Fiévreux.
Regarder la nuit passer par la fenêtre.
Respirer très fort.
Fermer les yeux.



A la mélancolie...


24 janvier 2017, 13:30

Long

Que c'est long, que c'est long, que c’est long, que c'est long

Janvier, que c'est long.
Sentiment de suivre les jours comme le point qui dessine la ligne de l'électrocardiogramme.
Toujours refaire.
Disparaître.
Reparaître.
Pareil.
Ennui.
Que c'est long.

Je déteste l'infini.

18 janvier 2017, 10:19

hiérarchie

"- Tiens, pas de bol, mes poules se sont faites dévorer par un renard, hier.

- Ha, mais c'est horrible, pauvres bêtes !
- Bon, ouais, heu, ça reste  des poules, en fait...
- Ben c'est super cruel, atroce, comment tu peux réagir comme ça ?
- Bahhhh, c'est quand même pas aussi grave qu'un bateau de Syriens qui chavire en méditerranée ?!
- Alors moi, ça m'énerve ce genre de réflexion. On peut pas tout confondre ni tout comparer quand même. Le rapport n'est pas le même. Et si j'ai pleuré quand mon chien est mort, c'est que la relation affective, au quotidien, elle était très forte. Ça n'empêche que je trouve aussi horrible le sort des syriens".
...
Je crois avoir été mal entendu. 
Je dis juste que quatre poules égorgées, ce n'est peut-être que "relativement" horrible...

12 janvier 2017, 21:14

Acousmatique

Avant de parler d'une musique des fragments, à l'onirisme puissant, cela désignait les disciples d'Aristote qui écoutaient ses enseignements derrière un rideau, sans le voir, dans le plus grand silence.

Ecouter sans voir la cause... 
Ecouter sans les yeux.
Le voile de pythagore.
Extraire le son de sa source. Le discours de sa bouche.
Le transformer en objet sonore.
Quoi, dans le geste ?
Adorno, qu'est-ce qu'on en dit ??

12 janvier 2017, 21:12

Haiku

Pleine lune

Pâleur du ventre
Arrondi

12 janvier 2017, 11:38

Outrance

C'est peut-être normal, d'avoir TRUMP  comme président, quand on a eu BUKOWSKI comme poète

02 janvier 2017, 12:02

Imre KERTESZ

Lu un article sur les chanteurs morts de l'année 2016, qui tentait d'analyser le goût de la commémoration à deux balles qui suit, deux ou trois jours durant, la mort d'un artiste sur les réseaux. 

Où l'on voit tout le monde essayer de se trouver une affinité et une connaissance fondamentale de quelqu'un dont il ne connait au final rien, sinon quelques mots d'un refrain qui lui rappelle une sensation épidermique qui date de sa première teuf étudiante.
Confession : j'ai aussi parfois tendance -ou l'envie, au moins- à sombrer dans ce genre de célébration. 
Il me tient à cœur, malgré tout, de revenir sur un décès de cette année 2016, de revenir sur une vie et une oeuvre : Imre Kertesz.
Découvert avec l'ultime auberge, récit dépenaillé de sa fin de vie, fin de celle de sa femme, fin de la sérénité des peuples, fin de cycle de tolérance. Récit qui me fascine sans que je puisse en prendre toute la dimension.
Je décide alors de reprendre le tout petit livre, si ardu, si peu anecdotique, terriblement ironique, si intellectuellement critique, du drapeau anglais.
Puis Etre sans destin est le premier récit-roman que j'ai lu sur la déportation. En 2015. Ce fut une claque immense tant dans le récit lui-même, froid, analytique, précis, juste, que dans la découverte de son auteur.
Une révélation, une déflagration.
Kertesz est un immense intellectuel, un solitaire, discret, qui s'estime, se connait et connait son époque. Il n'attend rien ni de lui, ni des autres.
Continué de lire son oeuvre cette année avec Le refus et Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas.
Oeuvre sismique. Chaque texte construit un immense tableau, une forteresse de la pensée, une structure évidente, logique, incontestable, effrayante, absurde.
Kertesz est un homme posé sur cet "horizon indépassable du nazisme", fil tendu entre les horreurs, puisque s'ensuit la bascule dans l'absolutisme communisme. Il vit deux fois la chute des totalitarismes, sait dès 1945 qu'on ne s'en remet pas, que les joies sont courtes et inutiles si elles ne construisent rien de ces ruines, et vivre enfin, dans le cancer de sa femme et dans sa parkinson, sa propre déchéance dans la montée d'une nouvelle intolérance hongroise.

Le relatif secret autour de sa mort est symptomatique de ce début de siècle. On parle et on construit des célébrations de toutes pièces, rutilantes, jouissives, inutiles, éphémères, vides, de la vie de toutes petites personnes. On s'arrête sur ce qui démange, pas ce qui dérange. La couche superficielle, pas la fondation. Inconstance. Facilité. Effarement. Vanité. Imbécillité.
Puis on oublie. Rien n'est plus rébarbatif que ce qui dure.
Imre KERTESZ est là pour durer. Tout le monde s'en fout. Pour l'instant.
Il est fort à parier qu'un jour, nous aimerons à nouveau nous pencher sur l'humanisme fondamental, nous aurons à nouveau le goût d'apprendre, de nous intéresser à l'essentiel (ce qui ne brille pas). Alors il sera là. Quand on est éternel, on a le temps d'attendre.

01 janvier 2017, 12:13

Voeux

Pas de voeux, pas d’engagement, pas de décision.

Pas d'attente, pas de haine, pas de peur, pas d’apaisement, pas de colère, pas d'excuses, pas de mensonges, pas de perte, pas d'agacement, pas d'illusion, pas d'incrédulité.
Pas de paroles, pas de phrases, pas de dialectique, pas d'incohérence, pas de sophisme, pas de malhonnêteté, pas de manipulation, pas de condamnation, pas de trop plein, pas de silence, pas de vide.
Pas de fleur, pas d'arbre, pas de papillon, pas d'émotion, pas de raison, pas de passion, pas d’inondation, pas de feu, pas de douleur, pas de couleur, pas de secret, pas de passage, pas de nuage, pas d'orage, pas de tempête, pas de soleil, pas d'oiseau, pas de loup, pas de louve, pas d'écho.
Pas de bleu, pas de vrai, pas de pastel, pas de trait, pas de gomme, pas de rature,  pas d'encre, pas de trace, pas de vitraux, pas d'empreinte, pas de vibration, pas de vie, pas d'envie, pas de vanité, pas d’ego, pas de quartier.
Pas de chemin, pas de col, pas de sommet, pas de vent, pas de nuit, pas de pierre, pas de beauté, pas de respiration, pas d’oppression, pas de fracas, pas de pluie, pas d'arrêt, pas de volonté, pas de projet, pas de partage, pas de respect, pas de nostalgie, pas de patrie, pas d'oubli, pas d'admiration, pas de jalousie, pas de connaissance, pas d'ignorance, pas de dieu, pas d'enfer, pas de lieu.
Pas de musique, pas de lyrisme, pas de rythme, pas de notes, pas d'espoir, pas de spontanéité, pas de si, pas de mais, pas de peut-être, pas de jamais, pas d'adieu, pas de rire, pas de moquerie, pas de posture, pas de jeu.
Pas de regret.
Pas de voeux.
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Deliciously old shool, isn't it ?