03 juillet 2008, 12:29
en guise d'hommage
Après un petit tour sur le blog de Béa, àl'adresse suivante :
http://bfeurprier.free.fr/?read=81725282
j'ai été ému par un poème de Maurice Carême certainement utilisé pour la fête de pères.
Voici, moi, les textes que j'adorerais déclamer à mes parents. Je ne le ferai jamais, mais c'est pourtant exactement comme celà que je les aime :
Arno : Les yeux de ma mère
Ma mère elle a quelque chose
Quelque chose dangereuse
Quelque chose d'une allumeuse
Quelque chose d'une emmerdeuse
Elle a des yeux qui tuent
Mais j'aime ses mains sur mon corps
J'aime l'odeur au-dessous de ses bras
Oui je suis comme ça
Dans les yeux de ma mère
Il y a toujours une lumière
L'amour je trouve ça toujours
Dans les yeux de ma mère
Ma mère elle m'écoute toujours
Quand je suis dans la merde
Elle sait quand je suis con et faible
Et quand je suis bourré comme une baleine
C'est elle qui sait que mes pieds puent
C'est elle qui sait comment j'suis nu
Mais quand je suis malade
Elle est la reine du suppositoire
Dominique A : Pères
Nos pères ont pris sur eux après notre arrivée
Même s'ils s'en défendaient, même s'ils acceptaient
Ils nous ont vu finir à leur place les repas
Certains ont su en rire, d'autres n'y arrivaient pas
Nos pères nous en voulaient, même ceux qui n'voulaient pas
Nous rendant responsables et même ceux qui pensaient
Après coup qu'ils avaient longtemps voulu qu'on soit
Un jour à cette table à finir les repas
Leurs femmes nous trimbalaient, nous crochetaient le bras
Clignant les yeux d'amour pour qu'on n'les oublie pas
Comme si c'était possible d'oublier ces yeux-là
Ces lèvres au bord du vide qui s'écrasaient sur nous
Ces lèvres que nos pères n'atteignaient que de loin
Depuis qu'on était là, depuis qu'on faisait tout
Pour leur prendre une à une les choses de la main
Avec cet alibi de n'y rien voir du tout
Nos pères n'ont jamais su nous détester vraiment
Attachés par amour à tout nous pardonner
Et même quand c'était trop, qu'on était trop présent
Ils ne luttaient pas trop avant de s'effacer
Et à tant s'effacer, nos pères ont disparu
Et lorsqu'on a compris, on a r'gardé la terre
Qui ne recracherait rien, on a r'gardé nos mères
Qu'on avait jamais vu, si éloignées de nous
On les a regardées, peinant à évoquer
Ces hommes tels qu'ils étaient avant notre arrivée
Avant qu'ils ne s'assoient, pour mieux nous reconnaitre
Pour bien nous regarder avant de disparaitre.