Saisies

par Nicolas Rivet

Afficher les archives

Archives

2024

2023

2022

2021

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

2007

2006

2005

2004

2003

03 juillet 2008, 12:29

en guise d'hommage

Après un petit tour sur le blog de Béa, àl'adresse suivante :

 http://bfeurprier.free.fr/?read=81725282

j'ai été ému par un poème de Maurice Carême certainement utilisé pour la fête de pères.

Voici, moi, les textes que j'adorerais déclamer à mes parents. Je ne le ferai jamais, mais c'est pourtant exactement comme celà que je les aime :

Arno : Les yeux de ma mère

Ma mère elle a quelque chose
Quelque chose dangereuse
Quelque chose d'une allumeuse
Quelque chose d'une emmerdeuse

Elle a des yeux qui tuent
Mais j'aime ses mains sur mon corps
J'aime l'odeur au-dessous de ses bras
Oui je suis comme ça

Dans les yeux de ma mère
Il y a toujours une lumière
L'amour je trouve ça toujours
Dans les yeux de ma mère

Ma mère elle m'écoute toujours
Quand je suis dans la merde
Elle sait quand je suis con et faible
Et quand je suis bourré comme une baleine
C'est elle qui sait que mes pieds puent
C'est elle qui sait comment j'suis nu
Mais quand je suis malade
Elle est la reine du suppositoire

 

Dominique A : Pères

Nos pères ont pris sur eux après notre arrivée

Même s'ils s'en défendaient, même s'ils acceptaient

Ils nous ont vu finir à leur place les repas

Certains ont su en rire, d'autres n'y arrivaient pas

 

Nos pères nous en voulaient, même ceux qui n'voulaient pas

Nous rendant responsables et même ceux qui pensaient

Après coup qu'ils avaient longtemps voulu qu'on soit

Un jour  à cette table à finir les repas

 

Leurs femmes nous trimbalaient, nous crochetaient le bras

Clignant les yeux d'amour pour qu'on n'les oublie pas

Comme si c'était possible d'oublier ces yeux-là

Ces lèvres au bord du vide qui s'écrasaient sur nous

 

Ces lèvres que nos pères n'atteignaient que de loin

Depuis qu'on était là, depuis qu'on faisait tout

Pour leur prendre une à une les choses de la main

Avec cet alibi de n'y rien voir du tout

 

Nos pères n'ont jamais su nous détester vraiment

Attachés par amour à tout nous pardonner

Et même quand c'était trop, qu'on était trop présent

Ils ne luttaient pas trop avant de s'effacer

 

Et à tant  s'effacer, nos pères ont disparu

Et lorsqu'on a compris, on a r'gardé la terre

Qui ne recracherait rien, on a r'gardé nos mères

Qu'on avait jamais vu, si éloignées de nous 

On les a regardées, peinant à évoquer

Ces hommes tels qu'ils étaient avant notre arrivée

Avant qu'ils ne s'assoient, pour mieux nous reconnaitre

Pour bien nous regarder avant de disparaitre.

 

 

×

Les tags

Anything in here will be replaced on browsers that support the canvas element

Deliciously old shool, isn't it ?