"Pas de vie vraie dans la fausse" disait Adorno. Les philosophes critiques me plaisent car il traquent en permanence les effets rhétoriques qui pensent pouvoir se subtiliser à un raisonnement complexe.

Entendu récemment, donc, et en moins d'une demie heure, sur une radio qui a pourtant ma confiance :

- un propos sur les arbres, qui disait ceci en substance : il y a des lieux en forêt dans lesquels on se sent bien car on voit différentes générations d'arbres, le grand-père, le père et l'enfant... Anthropomorphisme au rabais. On devrait se sentir bien pourquoi, au juste ? Parce que les regénérations d'arbres n'ont en fait rien à voir avec la nôtre, donc... évitons ces translations, pitié

- un propos sur le poisson clown, dans lequel on apprend que la femelle est dominante et plus grosse que les mâles, qu'elle a plusieurs "maris" (sic...), et que si elle vient à mourir, les mâles peuvent devenir à leur tour des femelles, et les petits, qui naissent asexués, deviennent des mâles qui  peuvent ainsi féconder les nouvelles mères. En conclusion, la narratrice nous dit que c'est un bel exemple de tolérance, d'ouverture au transgenre... Anthropomorphisme, encore, quand tu nous tient. Bel exemple que ce poisson qu'on pourrait aussi prendre en exemple comme modèle d'inceste, tant qu'on y est.

Ce serait juste bien de ne pas se servir d'exemples qui n'ont rien avoir avec le sujet pour justifier le moindre débat d’actualité... L'utilisation inverse pourrait s'avérer extrêmement dangereuse.

Laissons les arbres et les poissons clowns à leur place, frères lointains et inspirants de notre environnement, mais ne nous servons jamais d'eux pour dire comment nous devons vivre. Quelle aberration, quelle folie, quel danger, quelle manipulation vicieuse !