L'angoisse la plus profonde réside devant ce mur qui tout à coup nous empêche d'écrire. Parce que c’est en nous même que se trouvent les liens qui nous entravent, qu'on le sait, et qu'on se résigne à regarder nos poignets. Cette infâme résignation nous projette spectateur de nous-même. Ici se trouve l'angoisse absolue : je sais que je suis à l'extérieur de moi, et je ne sais comment réintégrer ma vie, ou pire, je ne le désire pas. Je peux même avoir du dégoût pour ce que je vois. L'angoisse, elle, naît de l'incapacité de l'écrire. La paralysie, le refus, la perte des mots, des phrases. Cet écrit qu'on aime habiter, depuis toujours, et qui se dérobe. C'est là trop de peine. Une punition, un supplice qui rend enfant. Une impuissance injuste.
27 novembre 2020, 13:14
Quintus
Qu'ai-je oublié de vous dire, Qu'est-ce qui leste mes poches, Quel poison dans le corps, Quel parfum de cendres, Quel inachevé
Où le chemin a tremblé, Où, partie, la caresse Où, le rire Où, cet effondrement Où, les heures divergentes
Quand avons nous renoncé Quand, la nuit tombée, Quand l'écorce sous les doigts, Quand, la solitude Quand, perdu le souffle
Combien mesure la bêtise, Combien l'aveuglement, Combien, le mensonge Combien, le silence Combien de fois
Qui changera un mot Qui, pour dire quoi, Qui, le sang sous les ongles, Qui, cette violnce là Qui reviendrait à ça
23 novembre 2020, 12:17
Ambiance
Sur fond de bruit de bottes et sous le joug d'un œil public toujours plus intrusif, l'ambiance confinée de la maison ressemble à une auberge espagnole genre "bijoux de la Castafiore" pour les gammes de harpe en intraveineuse (je dis pas que c'est moche, ce bruit de fond a agréablement remplacé celui du ventilo défaillant de mon ordinateur), et également Open Space étudiant où les gamins sont rivés à leurs cours devant leur écran jusqu'à 6h/jour.
Pendant ce temps là, je continue de me prendre la moindre info (d'où qu'elle vienne : politique, boulot, spectacle...) comme une baffe toujours plus cuisante. Mon médecin a appelé ça des signes manifestes de dépression. Mais comme dirait certaine, "ça va, tu vis pas au Liban non plus..." Pas faux. N'empêche, j'ai du mal à marcher droit...
12 novembre 2020, 11:42
Vague
La démocratie a failli parce que la voix du peuple est devenue un bruit blanc. Une voix porte lorsqu'elle fédère. Là, nos milliards d'aboiements solitaires sont un grognement indistinct. Même pas un roulement d'orage.
Si on survit, aura-t-on le courage de dire que nous avons été lâches ? Aura-t-on simplement le courage de dire que nous étions épuisés, et que la violence nous a submergé, parce que nous l'avons constatée trop tard, et que ses lames de fonds nous avaient emportés trop loin de la côte, déjà, pour pouvoir regagner la rive ? Si on survit, aura-t-on le courage d'admettre que si nous sommes libres, nous sommes aussi limités, et que la violence qui nous habite est endémique, que nous continuerons à nous fracasser parce que nous habitons la terre comme les vagues habitent la mer, avec cet inévitable et récurrent chaos ?
La sagesse sera-t-elle dans la résignation ? Et dans la résignation, comment élaborer une pensée qui soit libératrice et non soumise ?
Aurons-nous le courage de disparaître enfin pour que tout aille mieux, puisqu'on nous dit aussi, parfois, que le problème, c'est nous ?
02 novembre 2020, 10:05
Mots (italiens) du jour
Murat reprend un titre de variété italienne intitulé Arcobaleno, qu'il traduit par arc-en-ciel. M'interrogeant sur l'origine du mot (que vient faire la baleine dans le ciel ?) j'apprends que les grecs désignent par baleine quelque chose qui se gonfle... Ça passe...
Puis l'étymologie de ritournelle : riturnella désigne tout d'abord l'hirondelle (l'oiseau qui revient), puis par extension une complainte traditionnelle parlant de l'attente du retour son amoureu.x.se.
Alors chantons ! (deux variations sur le même thème : trad et... néo-trad ? World ? pop-folk ?...)