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par Nicolas Rivet

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27 septembre 2016, 14:54

Cimetière 3

Ici il n'y a pas de mort.

Les murs redéfinissent l'univers. C'est à l'échelle d'une boîte à chaussures que le chant du monde se révèle. Et nous promenant, nous générons ce monde. Nous le matérialisons.
Les allées sont bordées de longs bacs propres, emplis de sable. Sur les murets, les noms de ceux qui désormais résident ici. Juste un nom. Deux dates. Rarement, une dalle de pierre simple. Voila pour l'immobilité.
Mais chacun de nos pas produit la vie. Nous imposons un rythme, nous imposons un souffle, nous imposons un regard. 
Nous marchons dans les graviers. Nous réveillons les vivants du lieu.
Nous voyons l'arbre onduler, la pie traverser le ciel, les ondulations de chaleur, le sable gratté par le lapin, sentons l'odeur de la mûre, nous entendons le lézard, la feuille tomber.
C'est le décor que le lieu impose. C'est celui que nous voyons là, présentement, qui n'existera plus quand nous tournerons le dos, et c’est par nos sens seulement qu'il prend vie.
Nous fabriquons une musique d'absences, des mobiles de brindilles, un musée disparu, une partition de regards. 
Notre public exulte dans son silence ravi. 

25 septembre 2016, 10:31

Lâcher la main

Il y a de la mort merdeuse dans la résignation.

Une fin du monde.
Et surement un autre qui s'ouvre, quelque part (il ne peut en être autrement, je ne connais de fin à rien) mais que l'on ne voit pas

20 septembre 2016, 21:19

Vases communicants

Plus ils se soumettent à toute forme de marché, plus ils rejettent toute forme d'Etat.

Ils gagneraient à réfléchir. 
Les deux ne recherchent pas leur bien de la même façon.

18 septembre 2016, 10:39

Cimetière 2

De ce rond-point partent des chemins en étoile, dans six directions. On imagine aisément les religieux, vieillards trébuchants, pénétrés de prière, y faire leurs promenades quotidiennes. Les éclairages sont changeants, les rencontres avec les habitants des arbres nombreuses, la douceur de l'ombre et le silence apaisants. L'un de ces chemins mène au cimetière de la congrégation. Il borde le terrain, et son enclos de trois mètres, en pierre et brique, l'isole complètement de tout ce qui l'entoure. Deux portes en permettent l'accès. L'une s'ouvre vers le bois, donc vers le terrain de la congrégation. L'autre donne sur la route, faisant de cet enclos un sas entre le village et la communauté mystique. 

Au moment d'arriver, une effluve puissante et mentholée de cannabis pénètre le sous-bois. Cette odeur inattendue, incongrue, presque comique, vient d'une plantation de chanvre qui s'étend au-delà de la route, dont le parfum transpire, épais, sous le feu de la canicule.
Voila des années qu'il n'y a plus de religieux. Pourtant, le cimetière parait ne pas souffrir de la désaffection. La porte s'ouvre doucement, sans grincement, sans résistance. Dedans, les graviers des allées, les bordures bétonnées des tombes, le sable qui les remplit, les dalles des prieurs, la croix en son centre, rien n'est attaqué par la végétation.

16 septembre 2016, 23:50

Entendu

«un fascicule, c'est vert»
«clafoutis, c'est trois syllabes qui ne vont vraiment pas ensemble »

09 septembre 2016, 14:18

Cimetière 1

Arrivant au collège, nous traversons un bois. On y trouve essentiellement des essences locales, drues, fouillies, qui dénotent avec certitudes l'ancienneté de cette parcelle. Mais, voisinant avec elles, des variétés plus exotiques, dénotent l'adhésion à cet engouement assez commun des chatelainies du 19è siècle pour les lointains immobiles. Ces arbres plus récemment plantés bordent l'allée principale, un axe perpendiculaire à la façade principale de ce qui fut le château.

 Au centre de l'allée, un rond-point où trône une Vierge Glorieuse, bras ouverts, accueille le visiteur. Le regard étudié de cette statue, standard sériel des industries de fonte, n'est que douceur et charité. Il contraste ironiquement avec la violence du passage du Texte qui est pourtant incarné sous nos yeux : à l'issue d'un combat âprement décrit, elle foule de son pied la bête de l'Apocalypse. 

09 septembre 2016, 13:50

Mantra

Je ne suis pas la faute de tout.

06 septembre 2016, 09:14

Un fleuve

Infanchissable.

Deux rives.
Nous ne savons rester que l'exilé de l'autre.
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Deliciously old shool, isn't it ?